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Madeira Island Ultra Trail, ma diagonale portugaise


Madeira Island Ultra Trail, plus appelé MIUT par les puristes, rien que le nom donne déjà des frissons quand on connais le fort dénivelé de l'île, souvent comparé à l'ile de La réunion en version européenne, c'est un vrai paradis pour tout traileurs aguerri !

C'est la septième course du circuit 2019 de l’Ultra-Trail® World Tour, 115km pour 7200d+ avec un énorme plateau de coureurs, l'ultratrail traverse Madère d'Ouest en Est c'est pour cela que je l'appelle la diagonale portugaise, car la difficulté du parcours ressemble énormément à la Diagonale des fou en moins long mais tout aussi difficile (au prorata distance/dénivelé)

C'est ma deuxième course de l'année et mon gros objectif du printemps, ma priorité est d'être finisher, mais secrètement j'ai plus ou moins un chrono dans le viseur tout en sachant qu'il est assez difficile de prévoir sur des épreuves aussi longue et difficile.

Le choix de course nétait pas un hasard, je voulais me tester dans une région où je pouvais trouver de la diversité de terrain et de climat sur le même tracé et valider la distance/dénivelé en vue de mon projet 2020.

L'ultratrail

Vendredi après une première journée de vacances tranquille, une bonne sieste à 17h et un bon dîner à 19h30... 25min de voiture depuis mon appart pour rejoindre la navette à Machico, ville qui sera le lieu d'arrivée de la course. Je dépose mon sac de délestage que je récupèrerais à mi-course pour me changer. J'avais prévu beaucoup d'avance avant l'heure de départ du bus pour pouvoir contré d'éventuels soucis, donc je me cache du vent au chaud dans le bâtiment de retrait de dossard d'hier, un coureur vietnamien me reconnais (coucou Vu) du coup on tape la discute sur la course, on restera ensemble jusqu'à l'entrée du sas.

21H30 départ des navettes, 1h de bus pour traverser l'ile par l'autoroute et rejoindre la côte Nord-ouest, Porto Moniz le lieu de départ. Ce trajet en bus fait toujours gamberger, on dramatise souvent en se disantnt qu'on aura tout le retour à faire en courant...Je partage la navette avec quelques grand champions (Sange Sherpa par ex, etc), c'est toujours très cool de voir que dans notre discipline les athlètes connus n'hésite pas à se mélanger avec les autres ou de refuser un éventuel transport VIP.

Arrivé sur place un vent bien frais nous accueille et rend l'atmosphère tendue, en attendant l'ouverture du sas on sort la veste et squatte des marches pour être couper du vent. J'essaie de rester calme le plus possible !

Sourires déclenchés par des traileurs déguisés en tortues ninja

Le sas ouvre, les plus compétiteurs se ruent, OK d'accord là on est bien dans la cour des grands, pas besoin de se placer on aura tout le temps pour doubler !

20 min à attendre mais qui passent à une vitesse folle.

La pression monte clairement, tout le monde se regarde, se salue, tout le monde sait qu'il faudra être fort, très fort...

Après la présentation des stars du jours (D'haene, Grangier, Tollefson, Sherpa, Camus, Hajnal, Pazos, la liste est longue...)

Minuit, 3 - 2 - 1 Boum Let's goooo!!!!! C'est parti pour une grosse aventure de 115km !

Porto moniz -> Fanal (cumul 14,50km 1505D+)

Ptit coup de panique en passant la ligne de départ, ma montre déclenche un bug avec 4 fois la même info (Bravo Garmin) obligé de la relancer, ouf c'est good mon programme personnalisé s'est bien lancé, je me voyais mal faire tout ça sans montre...

Une foule dingue nous acclame dans tout Porto Moniz, c'est vraiment ultra kiffant ! Juste le temps de faire 400m histoire de se dégourdir les jambes et voilà que ça grimpe déjà très très fort, Bim quasi tout le monde sort les bâtons, s'en suit 400mD+ de montée à 30% sur bitume, parfait réveil pour le cardio, il m'a pas fallu longtemps pour faire tomber la veste.

1er mini ascension, Porto Moniz

Je prends mon rythme pour me placer quand même et éviter les bouchons du 1er single.

Une descente, qui permet de bien relancer et d'étendre un peu plus les coureurs, puis on traverse un pont blindé de monde, super bruyant pour l'heure, les portugais sont mega chaud une vrai folie, ça promet pour le reste...

Nous revoilà à grimper sec dans les ruelles abruptes d'un village pour attaquer la 1ère grosse difficulté de 1200D+. Je gère bien, ça passe tout seul.

Fanal ->Chao da Ribeira (cumul 21,70km 1635D+)

Et après une grosse montée généralement il y a une grosse descente. Celle-ci sera longue, bien humide et assez cassante.

Chao da Ribeira -> Estanquinhos (cumul 32,50km 2985D+)

Me voilà à l'attaque de la 2ème grosse difficulté, la montée impitoyable (1200D+) jusqu'à Estanquinhos. Bon là ça se complique, quand on est à plus de 1200m de haut le temps se gâte, brume épaisse/vent froid/grains de pluie bref pas très agréable, obligé de remettre la veste à chaque fois voir les gants pour certains, perso je les ai gardé au sec en cas d'urgence ou de plus gros froid. J'essaie tant bien que mal de garder mon rythme, le climat n'est pas trop un problème pour moi généralement je m'adapte assez bien à ça. Au ravito je recharge ma poche à eau.

Estanquinhos -> Rosario (cumul 40,80km 2985D+)

Longueeeee descente

Alleluia le jour se lève enfin, les quelques rayons du soleil font un bien fou, il est enfin temps de faire tomber la frontale, j'aime pas du tout en avoir sur le front donc c'est un plaisir pour moi. Plus qu'une montée et ça sera au prochain point. Assez efficace en côtes je reprends mon rythme et redouble pas mal de monde.

Rosario -> Encumeada (cumul 47km 3590D+)

C'est l'heure du petit dej ou plutôt de la soupe. Encore quelques bornes et ce sera déjà la base de vie à mi course.

Mais p*tain je m'attendais pas à un kilomètre vertical à au moins 35% sous un espèce de pipeline, mega hard...on est vraiment les uns au dessus des autres, en plus rageant pour prendre son allure car ça bouchonne grave, les coureurs de l'ultra 85km nous on rejoins sur le parcours. Bon c'est avalé et récompensé par un paysage magnifique, ça m'a bien flingué aussi car à la suite j'ai un coup de moins bien que je solutionne par une bonne 1 compote (riz/pomme/banane).

Encumeada -> Curral das Freiras (cumul 61km 4485D+)

Une bonne montée régulière dans une forêt d'eucalyptus nous mène au sommet et de là on bascule sur une descente de folie, hyper cassante et technique à point jusqu'à la base de vie. La fatigue remonte bien, je baille énormément aussi, je me projette à faire une sieste pour assurer la suite qui est encore bien longue, perdre quelques minutes pour mieux repartir est surement une bonne stratégie !

Arrive la base de vie, j'avais prévu de changer le tshirt manche longue par un manche courte vu que maintenant il fait super chaud, des lingettes pour me rincer un minimum afin d'avoir l'impression de repartir tout propre. Une flasque de purée de patate douce en guise de repas et hop je cherche matelas et couverture pour faire une mini sieste de 15min, malheureusement j'oublie de mettre un minuteur... Je me réveil grâce au bruit de coureurs qui se sont installés à côté de moi, je crois que j'ai dormis 30 ou 45min, sans trop réfléchir je m'active de suite en déposant ma consigne, je me fait controlé le matériel obligatoire, tout est ok je repart mega déterminé !

Cural das Freiras -> Casa do Pico Ruivo (cumul 71,50km 5805D+)

Rechargé physiquement et mentalement je repars pour la plus grosse ascension, celle du Pico Ruivo et ses 1760m d'altitude. Une étape de 11km 1300D+ à bien gérer sinon c'est pop corn assuré. Mi-Course la nuit est passée, le plus jolie est à venir mais aussi le pic de chaleur, ça tape grave !

La longue montée se passe super bien, j'ai l'impression d'être doper, une véritable remontada, je double tout le monde, les mecs sont écoeurés et moi-même hyper surpris mais hyper content de le vivre comme ça, la sieste m'a bien requinqué ! Au 3/4 de l'étape une grande surprise, je croise l'ami parisien Benjamin en vacances ici, ça me fait méga plaisir de croiser une tête connue, je prend quelques minutes pour lui donner de mes nouvelles afin qu'il partage l'info aux copains. Je repart super chaud à attaquer le reste !

Casa do Pico Ruivo -> Pico do Arieiro (cumul 77,100km)

Ravito de Pico Ruivo, je prend une flasque d'eau pétillante bien fraiche pour faire descendre la température. C'est parti pour attaquer la plus belle partie de la course, celle entre les 2 picos. Succession de petites montées/descentes qui piquent (toujours avec des escaliers) et de tunnels plus ou moins longs, à chaque passage de tunnel la flemme de ressortir la frontale, j'avance dans le noir total tel un chat, l'ambiance des tunnels me fait penser à Game of Throne (je sais pas pourquoi^^peut-être la pierre) Les paysages sont absolument dingues il faudra absolument revenir ici les jours suivant pour admirer tout ça calmement car la pas trop le temps d'en profiter, j'avance le plus possible !

L'ascension du tant attendu Pico do Arieiro est mythique, beaucoup de spectateurs et le décor pow pow pow ça claque vraiment, c'est super vertigineux et impressionnant, au dessus des nuages quoi !

Pico do Arieiro -> Chao da lagoa (cumul 80,90km 6220D+)

On file jusqu'au prochain ravito, le terrain devient tout d'un coup plus roulant, j'en profite pour allonger ma foulée mais toujours sans trop bombarder non plus.

Au ravito je me pose 2 minutes pour prendre un bouillon et recharger ma poche à eau, je croise des élites d'une autre course (les mecs ont pas le temps^^).

Allez hop on file vers Poiso, 1 descente/1 montée dans une forêt bien humide, certaines parties sont super glissantes, elles me font grave ralentir, j'entend pas mal de gamelles donc je ne prend pas trop de risque et marche pour m'assurer de finir, il y a aussi pas mal d'escaliers irrégulièrs, c'est très galère...et fait perdre un temps fou !

Poiso (cumul 90,40km 6790D+)

Ravito de Poiso, ptit moment d'énervement car ma montre bug...obliger de rebooter et de sortir le chargeur (encore merci Garmin). Je constate que l'arrivée avant la nuit risque d'être très tendue, en prévoyance je prends mes nouvelles piles pour ma frontale. La pénombre se fait de plus en plus forte en sous-bois, je vais être vite obligé de rallumer la frontale... Le moral est en baisse, je ne vais pas réussir le plus au moins chrono que je visais secrètement, en plus j'ai les quadriceps plus que bousillés, j'avance plus et les descentes deviennent un vrai calvaire...J'ai l'impression d'avoir perdu 20 ans d'un seul coup...

Poiso -> Portella (cumul 98,90km 6825D+)

Le prochain ravito était annoncé à 5km, finalement il était au moins à 8km putain (seul erreur d'indication sur toute la course), c'est pas grand chose mais à ce niveau de la course la moindre merde prend une grande ampleur. Je prend le temps d'un dernier bouillon et une poignée de cacahuète salées, je repart avec pour objectif de ne pas m'arrêter au suivant pour finir tout le reste d'un seul coup, folie ou pas au moins je serais plus vite arrivée. Ça deviens compliqué pour le corps, je suis obligé d'alterner marche et course, pas grave au moins j'avance ! Je me rend compte que je donne l'allure pour tout un petit groupe, du coup ça me force à pas trop ralentir mais c'est super dur, surtout que les coureurs du 85km nous double pas mal, ils sont plus frais que nous c'est assez frustrant...

Larano (cumul 103,90km 6845D+)

Arrivée au dernier ravito à Larano, je sent le sourire venir aux lèvres, je me dit ça y est je vais réussir mon épreuve, restons concentré jusqu'au bout. Une autre poignée de cacahuètes salées et je repart déterminer à finir.

La dernière partie annonce 12km 85D+. On longe une falaise, les jambes ne veulent plus avancées, j'alterne de temps en temps marche active et footing. On bifurque à droite et on commence à suivre une levada, au loin trèèèèèès loin on aperçois déjà la ville de Machico, l'arrivée est si proche mais wouah aussi TELLEMENT loin encore. La levada est IN-TER-MI-NA-BLE, c'est facile comme terrain mais compliqué vu tout se ressemble pendant ses long dernier kilomètres.

exemple de la levada

Arrive enfin la dernière petite descente, dans un champs de patates et nous voilà sur la route de Machico.

Machico (cumul 115,70km 6930D+)

Les lumières sont là, on entend le micro, on voit l'arche d'arrivée, l'adrénaline monte, on lâche les cannes (enfin ce qu'il reste), les frissons commencent...les sensations sont démultipliées. Les supporters sont encore un peu la et ils font le job, p*tain que c'est bon d'être applaudit comme ça ! Je rentre dans le couloir final avec un énorme sourire, je profite du public, je m'offre un dernier plaisir en passant la ligne d'arrivée en sautant, YESSS PAPA je l'ai fait, FINISHER du Madeira Island Ultra Trail, O-M-G !!!!

La sensation d'accomplissement est tellement intense que je met quelques minutes (une bonne vingtaine en vrai) avant de capter que je pouvais profiter d'un vrai repas d'après course.

La fierté est grande de se pavaner avec la big médaille autour du coup jusqu'à la cantine, tous les coureurs se félicite, l'ambiance est très fraternelle.

Bilan

Finalement d'après ma montre je cumul 120km et 7400D+, mon record à ce jours !

Je suis très fier d'avoir réussi un tel challenge, beaucoup moins du timing mais ce n'est qu'accessoire car la priorité du jours était d'être finisher. Je termine le périple en 26h, classement 327eme scratch sur 1200 partant / 148eme senior / 100eme français. J'ai encore beaucoup appris sur la discipline et validé beaucoup de choses de mon côté, c'est vraiment l'essentiel que je venais chercher ici afin que je puisse m'améliorer sur les prochains ultra. Tout ce que j'ai mis en place depuis le début de l'année en terme de préparation à payer et j'en suis très content car c'est énormément de concession, c'était vraiment vraiment pas facile tous les jours quand on a un travail qui demande une certaine énergie... Je suis rassuré maintenant en connaissant le travail a accomplir, l'effort à fournir et surtout les sensations de dingue que tu peut te prendre pour un tel challenge !

Quand j'ai commencé la course à pied il y a 5 ans jamais j'aurais imaginé que je terminerais un jours un ultratrail et encore moins mes amis d'enfance qui connaissent mon passé non-sportif et plutôt festif, comme quoi tout est possible il faut juste le décidé et mettre toutes les chances de son côté pour accomplir le challenge.

Bref j'ai énormément kiffé et je suis déjà prêt à remettre ça !

Merci à tous pour votre énorme soutien, en particulier à mon ami Didi qui m'a beaucoup accompagné sur mes sorties longues ou super matinales avant le travail.

Je remercie aussi Uglowsport et Tailwind Nutrition qui m'accompagne dans mes aventures.

Ptit dej avec vue sur Funchal

Voici le lien du site pour retrouver toutes les infos sur cet excellent MIUT que je vous conseille fortement (course parfaitement organisée), d'ailleurs la date 2020 est déjà fixée au 25 avril avec des inscriptions qui ouvre le 25 septembre, si ça vous intéresse faite le dès l'ouverture car c'est complet en 1 seule journée...

https://www.miutmadeira.com/fr/

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Sportivement

Seb

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