SaintéLyon 72km, mon raid nocturne
Course choisie pour finir l'année comme je l'avais commencé, par un trail long et puis avec plus de 62 hivers au compteur, la Saintélyon est un monument de l’histoire de la course à pieds en France. Le mythique raid nocturne entre Saint-Étienne et Lyon, doyenne des courses d’ultra est devenu un véritable phénomène et la plus grande course nature de l’hexagone en termes de participants. Je devais l'inscrire à mon palmarès.
Equipement
Chaussure : Salomon Slab sense pro ultra 5
Tshirt : 1 manches courtes en base layer + 1 manches longues, les derniers Element de Nike
Coupevent : Kalenji
Bonnet : Salomon
Gants : Nike
Lampe frontale : Petzle xp
Sac à dos avec réservoir : Oxsitis (hydragon)
Le parcours
Le raid
J'arrive à Lyon vers 15h, je rejoins la Halle Tony Garnier pour le retrait du dossard.
J'en profite pour voir des collègues de travail qui tiennent des stands sur le salon. Je passe sur le stand Cariocar "le covoiturage des sportifs" avec qui je passe un super moment à faire de la com, je fais partis de la team athlète.
18h je prends la navette pour rejoindre Saint-Etienne (lieu de départ de la course) qui dépose les participants pour se reposer avant la nuit qui va être intense. Nous sommes accueillis dans un gymnase, il y a assez de place pour tout le monde et il y a de quoi se ravitailler.
23h : mes potes décident de rejoindre la ligne de départ afin d'être bien placer, je rejoins alors la tente Mizuno, je cours pour cette marque ce soir et on a le droit à un belle avantage, celui d'attendre au chaud et de rejoindre le départ 5min avant en se plaçant au cordeau.
L'ambiance monte, j'ai hâte de partir, les photographes immortalisent le départ (3eme à gauche dossard 6940)
le coup de feu est donné, c'est parti pour ce raid nocturne de 72km. Je parts à allure modérée, très vite je mène le groupe, des caméramans à moto filment, j'ai l'impression de faire partis des pro alors que j'en suis très loin. J'essaye de réguler mon allure de façon à ne pas me cramer dès le début. La course est longue, il va falloir gérer de nombreuses choses. La première sera de profiter du bitume pour faire sa place avant de commencer les sentiers et d'éviter les bouchons qui arrivent souvent dès le changement de terrain. Première cote, je suis toujours bien placé. Comme prévu je ne m'affole pas et je marche pendant toute la montée, chose que je ferais à chaque côte afin de ne pas m'épuiser inutilement et d'en profiter pour souffler, voire manger si elle est longue. Je n'ai pas allumé ma frontale car avec celle des autres je vois très bien et ça me permet d'économiser mes batteries. L'allure est bonne, je vois toujours les mêmes coureurs. C'est bon, les paquets sont créés il n’y a plus qu'a suivre et manger les km. Je me retourne de temps en temps pour voir le filet de lumière créé par les frontales des runners, cela donne un beau spectacle.
Au 1er ravito, St christo en jarez au 15ème km, on est déjà à 734 de D+, je suis 949ème, je passe à travers, je regarde juste ce qu'il y a afin de savoir pour la suite en cas de besoin : c'est bien garni, il y a tout ce qu'il faut, même des carrés de chocolat et du saucisson.
Je continue l'ascension et déroule ma foulée, j'avance bien et je me sens bien, pas de soucis de froid. Seule chose destructrice est de croiser des panneaux, "finish dans 50km", c'est un peu moyen pour le moral des runners.
Au 2ème ravito, Sainte Catherine au 30ème km, 690m de D+, 3h de course, je passe encore à travers, j'ai tout ce qu'il me faut dans mon sac. La prochaine portion est plate, j'en profite pour relancer et bien avancer avant d'attaquer une énorme côte vers le km 38. Cette côte a plus que piqué, l'orga a même installé une tente de secours en cas de besoin, mais on continue vers la prochaine borne.
Au 3eme ravitos, Saint Genou au 40ème km, 608 de D+, 925eme, 4h34 de course, je suis toujours bien placé mais je commence à avoir de sérieuses douleurs au bassin, ça me fait un peu peur pour la suite donc je m'autorise 5 min assis pour reposer un peu mes psoas, je tente une soupe chaude histoire de me réchauffer un peu bien que je n'ai pas froid et je recharge ma lampe frontale et ma poche d'eau, bien que je ne bois pas beaucoup j'ai déjà consommé les 3/4 soit 1,5 litre. Le peu d'arrêt m'a congelé malgré la soupe et c’est dur de repartir, je suis obligé de marcher pour relancer la machine. Jusqu'au prochain arrêt c'est beaucoup de descente avec un sol pas extra propre, il va falloir faire attention. Je repars avec un rythme propre et assure pas mal dans les descentes, je me fais bien plaisir.
Au 45ème km, gros coup de moins bien, j'imagine que c'est le mur du marathon, je ralentis énormément mais je ne me laisse pas abattre. Il se dit que le corps arrive à digérer la douleur et repart. Je gravis l'énorme côte et trottine comme je peux, j'ai laissé quelque plume dans cette côte. Ce n'est qu'au 50ème km que j'arrive vraiment à bien recourir. Je fais attention au verglas, j'ai vu quelques chutes qui a surpris et blessé quelques runners. Les champs sont bien givrés. Je sens que l'allure est moins bonne, normal la fatigue s'accumule, mais au moins j'avance.
Au 4ème ravitos, 52eme km, 357 de D+, 1245eme, 6h29 de course, j'ai perdu beaucoup de place au classement, j'ai vraiment mal au bassin, je me dis que 5 minutes assis me feront du bien, je reprends une soupe chaude juste pour avoir quelques choses de chaud dans le ventre. J'essaie de me rebooster et pense repartir pour finir la course sans m'arrêter au dernier ravito, pour ne pas trop perdre de temps. Je sais que trop s'arrêter n'est pas bon et bien qu’on récupère quelques minutes, cela demande un effort consommateur d'énergie pour repartir. Je me suis déjà arrêté 2 fois, choses que je n'ai jamais fait sur aucune de mes courses. Je repars dans le dur mais avec l'envie de finir d’une seule traite. L'allure a beaucoup baissé mais ce n'est pas grave, je cours un ultra qui n'est pas simple et je n'ai pour objectif que de le finir, le classement sera un bonus et je ne suis pas si mal placé pour un parisien plutôt habitué au bitume plat. La suite sera difficile, le plat est mon ami, dès que ça descend je devrais me faire plaisir mais non avec mes douleurs au bassin c'est pire, chaque appuie me lance, j'essaie d'oublier mais j'ai vraiment mal. Je n'ai pas pour habitude d'abandonner donc je cours comme je peux, le moral en a pris un bon coup. Quand ça ne va pas je pense à de super souvenirs running avec ma team Bastille. Je me dois de finir pour les rendre fière.
Au 5ème et dernier ravito, 62eme km, 285 de D+, 1346eme, 7h46 de course, je jette juste mes déchets, papiers de pâtes d'amandes et tubes de gels vides. Je suis dans un état de fatigue, c'est impressionnant. La suite sera à base de foulée rasantes, je fais ce que je peux, je n'ai jamais couru aussi lentement mais au moins j'avance. La fin est proche mais semble interminable. Le soleil se lève, je suis entre deux sensations : celle du réchauffement du à la lumière du jours ainsi que la beauté du paysage mais aussi celle où je pensais finir la course avant le lever, et je suis en retard.
Je me remémore quand même que je n'ai pas d'objectif de temps mais c'est plus fort que moi je suis un peu déçu. On voit de temps en temps des habitants nous encourager, ça fait tellement du bien.
Au 67ème km une belle série de côte plombe le moral de tout le monde, c'est tellement dur pour les cuisses et le dos, mais un trail sans côte n'aurait plus de charme, enfin à ce moment-là je râle et pourtant ce n'est pas mon genre. Une fois en haut, une lyonnaise cours quelques mètres avec moi pour me redonner le moral, ce moment de partage m'a tellement fait de bien que j'arrive à relancer et me vois bien finir la course à cette allure. La fin est à base de descentes de marches, chose que je suis obligé de faire en marchant, mais aussi à traverser les parcs Lyonnais. Dernière ligne droite c'est le magnifique pont qui nous dirige vers la Halle Tony Garnier, les spectateurs sont là et nous boost comme il se doit, l'ambiance est vraiment top, le sourire revient.
Je contourne la halle avant de rentrer, une fois rentré les photographes immortalisent le finish de mon exploit, je passe la mythique arche bleue, c'est fait, je viens de finir la SaintéLyon, je viens de courir 72km de nuit, de Saint Etienne à Lyon par les crêtes Lyonnaises, mon 2ème ultra-trail, 9h de course.
Tellement d'émotions et de fierté que je reste planter au milieu histoire de profiter un maximum du moment, je regarde les gens qui m'applaudissent et les remercie pour leurs gestes. Je marche très lentement pour reprendre mes esprits, quand j'entends mon frère Athaa, il me félicite et me demande mon état, je suis vraiment claqué et me baisser pour m'assoir est très dur, il me conseille de rejoindre les stands d'osthéo et kiné mis en place pour les runners. Le massage s'annonçait douloureux mais il m'a tellement décontracté les muscles qui à l'arrivée étaient complètement dur. Une fois finit, on se regroupe avec les potes, c'est l'heure de la traditionnelle bière de fin de course, tous fières de l'aventure que l'on vient de vivre cette nuit.
Ma saison est terminée, place au break annuel.
Je vais faire le bilan de mon année, oublier un peu le running pendant tout le mois de décembre afin de mieux repartir le 1er janvier et me projeter dans de nouveaux objectifs
Merci à tous pour votre soutien, sans vous je ne ferais peut-être pas tout ça!
NB : bon point à l'orga qui offre des goodies plus intelligents que ce qu'on a l'habitude de recevoir sur les autres courses : une paire de chaussette BV Sport à l'effigie du trail et un porte déchet que l'on peut glisser dans une lanière de sac afin d'y mettre ses emballages vides
Photos crédits : Maindru, Gilles reboisons